A l'Omanaise

Point de volcan récalcitrant cette fois ci. Avec un an de retard me voila finalement parti pour réaliser un petit défi: quatre jours de kayak en pleine autonomie dans les fjords du Sultanat d'Oman.

 

Pour couper court à toutes interrogations: non je n'ai jamais fait de kayak en pleine mer. Mon expérience se limite à une descente de rivière plutôt calme. Quitte à relever un défi autant commencer par un bien compliqué. Et en effet, je n'ai pas été déçu.

 

Tout d'abord, chargement du Kayak. Faire tenir son monde dans deux petits sacs étanches permet de grandement relativiser ses besoins. Vérification des matelas, des tentes, arrimage des denrées nécessaires au périple. Tout cela prend pas mal de temps et est des plus crucial.

 

Enfin, le moment tant attendu (et redouté) arrive: la mise à l'eau...pendant cinq bonnes minutes avant que les bourrasques de vent et sable mêlés ne me force à faire demi tour. Faux départ!

On se doit de suivre la Nature et lorsqu'elle nous dit clairement (et fermement) de rebrousser chemin, il est avisé de l'écouter.

 

Peu importe, faute de kayak, je me contente d'un petit trek. La première impression est celle d'un calme olympien. Un silence presque dérangeant m'accueille entre ces rochers creusés par le temps et l'eau.

D'ailleurs mieux vaut ne pas avoir le vertige. Certains chemins se font au bord du vide avec pour tout témoin une biquette qui semble, il faut bien se l'avouer, se moquer de mes piètres prestations.

 

Pas le temps de se perdre en contemplations, le second round Kayak s'annonce déjà. J'avais tout prévu à part une minuscule chose: un départ de nuit, à la frontale. Comment expliquer mes sentiments à ce moment exact? Imaginez une panne de courant générale, vous chercher la seule lampe torche de votre maison. Vous êtes sûr de l'avoir rangée dans le tiroir du buffet et pourtant, vous continuez à errer dans vos pièces en essayant d'éviter vos meubles. Ce fut mon impression pendant près d'une heure. A la frontale, la mer me giflant sporadiquement comme pour me rappeler qu'il ne serait pas bienvenu de me retourner. L'arrivée au campement fut un soulagement.

 

Découverte du kayak et des bons mouvements à faire. Utiliser son buste et ses épaules et non les bras. Pffft....en plein milieu d'une mer d'huile je vois soudainement un groupe de dauphins reprenant leur souffles avant de partir pêcher. Moment magique bien que lointain.

 

Le monde du kayak est fait de routine: on se lève tôt, petit déjeuner, on démonte les tentes, on charge les kayaks en arrimant tous les vivres et les bouteilles d'eau. départ pour deux, trois heures. Midi, on débarque les kayaks, on décharge, on monte la tente mess, on participe à la cuisine, à la vaisselle, on recharge, on repart. Le soir même principe en ajoutant le montage des tentes. C'est simple et un peu physique.

 

Bien évidemment toute aventure ne serait pas complète sans une mer un peu plus agitée que de coutume. Un supplément pluie? D'accord. Cette fois-ci, je suis allé au bout de ce que je pouvais donner. Lutter contre le vent qui me repousse sans cesse, l'eau salée qui m'aveugle et le courant qui me contrarie perpétuellement, j'en rie maintenant mais sur le moment je n'en menais pas large.

 

Bien que l'on soit réduit au strict minimum il est un élément que l'on ne doit jamais négliger: la trousse de soin. Un petit hameçon dans le doigt d'un de mes co-kayakistes m'en a prouvé toute l'utilité. Toujours avoir de la bétadine, une compresse et du scotch.

 

Pour fêter nos quatre jours nous avons visité Dubai. Aux charmes des coins déserts et tranquilles se succédent le faste et la majesté de cette ville. Une piste de ski en plein milieu d'une galerie commercante! Vingt quatre heures plus tôt je nettoyais encore des assiettes à même le sable. La vie à un drôle de sens de l'humour parfois! 

 

L'important dans ce genre de voyage est d'être bien accompagné et je remercie énormément mes collègues nomades. Ils m'ont beaucoup appris  et ont grandement participé à la réussite de ce périple.